Sous contrôle ?
D'après mes collègues du CHU de Rouen, il semblerait que l'épidémie de Covid 19 se tasse en Seine-Maritime avec des admissions en baisse dans les hôpitaux. On peut supposer que le confinement, réalisé à temps dans notre région, ait bien joué son rôle. Il y a malgré tout plusieurs dizaines de malades en réanimation, dont certains dans un état très grave. L'hôpital d'Evreux est saturé, mais les lignes de défense tiennent bon.
L'agence régionale de santé a décidé de transférer 50 patients des réanimations d'Ïle de France vers la Normandie cette semaine, et sans doute d'autres à partir de lundi. Cette solidarité avec les régions les plus touchées est nécessaire. Une quinzaine de soignants a d'ailleurs quitté la clinique du Havre (HPE) pour rejoindre un établissement de région parisienne.
Peur sur la ville !
Hier, deux patients m'ont tenu les propos suivants. Un premier, à qui on allait poser un dispositif sous la peau pour réaliser une chimiothérapie, m'a dit avoir hésité à se faire opérer à cause du coronavirus. Le deuxième qui venait d'avoir un infarctus du myocarde m'interrogeait ainsi "avez-vous des covid dans la clinique" ?
Si la gestion de la crise sanitaire est une priorité nationale totalement justifiée, une deuxième crise monte en puissance tous les jours. De nombreux malades ne sont plus pris en charge pour des problèmes cardiaques, respiratoires, diabétiques, ophtalmologiques, chirurgicaux car ils sont tétanisés à l'idée d'attraper le coronavirus.
Nous accueillons quotidiennement des patients
FFP2 ou la chasse aux masques.
Dès les premiers jours de la pandémie, les masques ont été l'objet de toutes les attentions et de toutes les convoitises. Seule protection physique contre le covid, avec les lunettes, les charlottes et les blouses, il y en a deux types. Le masque chirurgical est le système de filtre le plus simple et suffit dans les situations quotidiennes. Le masque FFP2, plus épais et plus filtrant, est indispensable au contact direct de malades infectés par le covid-19.
Au début du mois de mars, nous avons été victimes de vol de masques FFP2 et de masques chirurgicaux au bloc opératoire. Plus d'un millier de masques a alors disparu. Depuis,
Code rouge
Hier, le CHU de Rouen est passé en code rouge. Ses réanimations se remplissent de malades covid + tandis que la plupart des urgences chirurgicales sont redirigées vers les cliniques de l'agglomération.
Depuis plusieurs semaines, la clinique Saint-Hilaire se prépare à faire face à l'épidémie. Suivant les consignes de l'Agence Régionale de Santé et en coordination étroite avec le CHU de Rouen, nous avons commencé par annuler toutes les opérations programmées (sauf les urgences) et fermé nos consultations.
Nous avons prévu d'ouvrir des lits de réanimation dans notre unité de soins continus chirurgicaux,
De toute la France
Par mon syndicat professionnel, le SNARF, j'ai l'occasion de pouvoir discuter avec les collègues des différentes régions françaises. Ils m'ont rapporté comment l'ostracisme de certains directeurs d'Agence Régionales de Santé avait empêché d'utiliser les lits de réanimations mis à disposition par les cliniques. A l'inverse, comme en Ile de France ou en Normandie, ils expliquent comment la coopération public - privé avait joué à fond en faveur des malades. Ils attendent toujours plus de moyens de protection, utilisent tout le matériel disponible, parfois même issus de cliniques vétérinaires, pour ouvrir encore plus de places de réanimation.