Mariage
Le projet de loi autorisant l'union de deux personnes du même sexe m'interpelle bien évidemment. J'ai été très sensible au texte de Gilles Bernheim, Grand Rabbin de France, sur ce sujet, tout comme à celui de la Conférence des Evêques de France (Texte_Conseil_Famille_Societe_CEF3.pdf). Un double argumentaire y est développé : la structuration de la société autour du mariage-institution, l'importance de la filiation pour les enfants. Je partage ces expressions et ces convictions.
Je fais aussi le constat de l'état de notre société, au moins française et européenne. Perte de confiance en l'avenir, crise omniprésente, individualisme forcené : les jeunes sont inquiets (seulement 26 % pensent que leur avenir est prometteur). Notre société est en pleine mutation et cherche ses repères. Sur le mariage lui même, je constate qu'un mariage sur deux aboutit à un divorce (240 000 mariages et 133 000 divorces), et que près de 56 % des enfants naissent hors mariage dans notre pays.
Plus concrètement, concernant les couples de même sexe, l'autorisation du mariage dans certains pays européens n'a guère provoqué d'engagement massif (de l'ordre de 3000 par an en Espagne), ce qui est logique car les personnes concernées n'ont aucune raison d'être plus attachées à la formalisation de leur engagement de couple. Par ailleurs, 24 000 à 40 000 enfants sont d'ores et déjà élevés en France dans des couples de même sexe. En a-t-on entendu parler ? Des dérives ont-elle été constatées ? Les drames de l'enfance, qui nous sont quotidiennement rapportés dans les médias, sont liés aux pathologies mentales des parents et non pas à leur orientation sexuelle. Le manque d'amour et d'attention est, à coup sûr, le principal élément destructeur pour les enfants.
Sur ce projet de loi, ma position est la suivante : évitons de cliver encore plus notre société ! Tout en respectant et en comprenant les manifestants de dimanche, je crains que cette démarche n'aille pas dans ce sens. Je souhaite que le débat de société sur le mariage continue avant de légiférer. Je souhaite que les parlementaires votent chacun en âme et conscience (comme ce fut le cas pour la loi sur l'IVG) et qu'il n'y ait pas de vote imposé par les groupes politiques. Je souhaite que les moyens de la sécurité sociale engagés dans la procréation médicalement assistée soient réservés aux personnes infertiles.