2014 : la démocratie entre dans l'agglomération!
Il aura fallu attendre 15 ans pour que les citoyens puissent élire leurs représentants à leur communauté d'agglomération ! Pour la première fois, les électeurs choisiront, les 23 et 30 mars 2014, non seulement leurs conseillers municipaux mais aussi leurs conseillers communautaires. Les premiers éliront leur maire, les seconds leur président d'agglomération.
Jusqu'alors, les majorités municipales - aucune place n'était laissée aux oppositions - désignaient leurs représentants au conseil d'agglomération. Ceux-ci élisaient le président, sans aucun contre-pouvoir démocratique : sur 167 membres du conseil communautaire rouennais (dont 45 vice-présidents), seule une quinzaine se situait dans l'opposition !
Cet enjeu démocratique nouveau est bien absent de la campagne municipale. En effet, des questions se posent aujourd'hui :
- Le maire de Rouen doit-il être le président de l'agglomération ?
- Quelles seront les orientations politiques de la CREA, par exemple en matière de transports en commun, de gestion des déchets, de culture, d'équipements communautaires ?
- Quelle part la CREA doit-elle assumer dans les dépenses de centralité de la ville de Rouen ? La chambre régionale des comptes pointait fin 2013 un sous financement de notre agglomération et prenait de nombreux exemples où une participation serait logique (piscine, conservatoire, musées...).
Au delà, et c'est tout aussi essentiel : quelle métropole voulons-nous construire ? La loi promulguée le 27 janvier 2014, portant création des métropoles, nous donne l'opportunité d'élargir les compétences communautaires : social, urbanisme, voirie...
Quelles limites voulons-nous fixer à cette nouvelle intercommunalité ?
Quelle place pour la ville centre ?
Quel fonctionnement démocratique imaginer ?
Car c'est bien ici que se dessine le Rouen de demain, celui que nous, politiques, avons la responsabilité de proposer à nos concitoyens. Ce débat ne saurait se limiter au seul choix du nom de la métropole, rideau de fumée pour ne pas débattre des vraies questions, à savoir le contour des compétences.
Sur le fond, je souhaite que nous continuions à développer les compétences intercommunales. Nos communes vont perdre de leur autorité. C'est vrai. C'est le sens de l'histoire, mais à trois conditions.
D'abord exiger une vraie démocratie tant par l'élection directe des conseillers métropolitains par les citoyens que par une gouvernance aux décisions consensuelles détachées des intérêts partisans, à l'image de ce qui se passe au Parlement européen.
Ensuite, assurer une juste répartition des projets, des subventions et des dépenses, ce qui est loin d'être le cas à la CREA aujourd'hui.
Enfin, la métropole n'a de sens que dans une cohérence avec les autres cités névralgiques de Normandie : Le Havre et Caen. C'est par notre interaction que notre avenir doit se construire. Se refermer sur nos frontières est source de déclin. S'ouvrir, grâce à la Normandie, sur l'Europe et le monde est notre seule possibilité de développement pérenne.
Quelques propositions concrètes pour terminer ce propos :
1) notre future métropole ne peut se passer d'infrastructures, vitales pour son développement économique : contournement est de Rouen, accès au pont Flaubert, liaison ferroviaire à grande vitesse avec Paris. Au plan aéroportuaire, l'utilisation de la base aérienne d'Evreux, que nous savons remise en cause par les autorités militaires elles-mêmes, pour un nouvel aéroport civil, à l'image de celui de Beauvais, saturé, est d'une évidence absolue. Les milieux économiques le réclament, l'industrie touristique tout autant.
2) La construction d'un hôtel d'agglomération, en fait de métropole, est tout à fait logique sur Rouen. Je propose d'y associer une réflexion sur le regroupement des services municipaux rouennais et métropolitains, pour des raisons claires de synergie.
3) Créer, dès maintenant, les structures de concertation puis de coopération et enfin de regroupements territoriaux avec Le Havre et Caen car la métropole normande ne peut se concevoir sans notre accès maritime, atout géographique primordial et inaliénable essentiel à notre développement économique.
4) Imaginer une démocratie représentative ouverte sur les forces économiques, sociales, associatives au sein de la métropole. Elle doit permettre aux citoyens de choisir leur exécutif métropolitain, avec l'obligation pour lui d'associer la société civile, les forces vives, aux débats d'orientation.
Une chance unique nous est donnée de redynamiser notre territoire, si riche en atouts : géographiques, historiques, démographiques, culturels, environnementaux. A l'approche du scrutin municipal, ces semaines de débat démocratique foisonnant, et l'intérêt aigu porté par nos concitoyens à leur avenir, sont l'occasion de mettre en avant ces enjeux déterminants pour notre futur.
Oui à une métropole normande attirante ! Oui à une démocratie repensée ouverte sur ces nouvelles organisations territoriales ! Oui à un travail collectif permettant de créer une confiance partagée ! Notre avenir en dépend.