Pourquoi mettre les malades à plat ventre ?
Vous avez déjà entendu parler du fait de retourner les malades de réanimation : le fameux décubitus ventral (c'est à dire à plat ventre). Normalement ils sont à plat dos, pour avoir accès à la tête et aux perfusions diverses et variées.
Lorsqu'on est allongé, le poumon est comprimé par la gravité et le poids du corps.
Comme cet organe est plus développé vers le dos que vers le ventre (il descend presque jusqu'aux lombes), il est plus écrasé lorsqu'on est couché sur le dos. A l'inverse, la ventilation du poumon, et son oxygénation, est meilleure lorsqu'on est couché sur le ventre. En bonne santé, cette variation est négligeable. Par contre, dans une situation critique comme le covid-19 en réanimation, cette technique permet de gagner en oxygène, le tissu pulmonaire étant également moins abimé par la respiration artificielle.
Ceci a été très longtemps controversé par la communauté médicale : le jeu en valait-il la chandelle ? Le fait de retourner un malade de réanimation comporte des risques d'arrachement de sonde ou cathéters, sans même parler des risques tensionnels et des compressions liées à la position (escarres du visage ou du corps, perte d'un oeil...). Il a fallu attendre 2013 l'étude Proseva (lancée en 2009) pour en découvrir les résultats qui ont prouvé l'intérêt de cette méthode. Elle n'est réellement utile que pour les patients les plus graves atteints du Syndrôme de détresse Respiratoire Aigüe (SDRA en français, ARDS en anglais). C'est pourquoi, chaque jour en réanimation, des équipes se relaient pour retourner les patients afin de tenter de leur sauver la vie.