Improvisation totale et coupable !
Suite aux réactions venues de toutes parts, les vaccins vont finalement être mis à disposition des soignants. Ceci se fait dans le cadre d'une improvisation et d'une désorganisation incroyables. Dans la journée d'hier, l'agence régionale de santé (ARS) de Normandie, vertement secouée par le ministère de la santé, a décidé de laisser les soignants de plus de 50 ans, ou présentant un risque particulier, avoir accès à la vaccination.
Deux remarques : il faut savoir que, durant le week-end, ordres et contre ordres nationaux se sont succédés vis à vis de cette problématique.
Pas de vaccin pour les libéraux !
Face à l'épidémie de Covid, notre première arme efficace est ce vaccin développé en des temps records. Innovant, efficace, disponible : la perspective d'un retour à la normale devenait crédible d'ici quelques mois. L'Europe en avait réservé des millions de doses et nous allions enfin pouvoir protéger notre population !
Mais notre technostructure, après avoir été lamentable sur la mise à disposition de moyens de protection, sur l'utilité niée des masques, sur les aberrations des produits mis en vente dans les supermarchés, sur la fermeture de commerces inoffensifs, bat maintenant les records de lenteur de vaccination.
Soigner !
Au moment où l'épidémie semble se stabiliser et atteindre un plateau dès cette semaine, je voudrai revenir sur la situation des autres. Les autres, ce sont toutes celles et tous ceux dont les soins ont été sacrifiés lors de la première vague Covid.
Il avait fallu déprogrammer en mars des milliers d'interventions, du jour au lendemain. Les malades hésitaient à se faire soigner et fuyaient les cabinets médicaux de crainte de contracter le virus. Le prix en a été une surmortalité en France de 13 % durant cette période.
Saint Hilaire mobilisée !
Le 29 octobre, le ministre de la santé écrivait à nos établissements pour ne plus prendre en charge au bloc opératoire que les urgences ou les interventions dont le report constituerait une perte de chance, afin de libérer des moyens pour les patients Covid. Chaque jour, le CHU de Rouen nous demande de prendre en charge des malades Covid stabilisés, afin de pouvoir en accueillir de nouveaux, et de fournir du personnel soignant. Il nous avait déjà sollicité pour transférer des patients à opérer.
La vague arrive...
Depuis plusieurs semaines, les réunions entre les cliniques, le CHU de Rouen et l'Agence Régionale de Santé de Normandie se succèdent.
La deuxième vague de Covid est annoncée pour le 15 novembre. C'est une prévision statistique, pas forcément une réalité. Ce qui est réel, ce sont les dizaines de lits de réanimation ouverts puis occupés, les centaines de lits d'hospitalisation ouverts puis occupés. Ce qui est réel, ce sont les dizaines et bientôt les centaines d'opérations chirurgicales reportées afin de libérer des moyens pour soigner les malades Covid.